jeudi 26 décembre 2013

Patrick Sénécal - Contre Dieu

Contre Dieu, publié en 2008 par les éditions Les 400 coups, est un roman noir qui donne froid dans le dos.

L'auteur qui nous fait angoisser, c'est Patrick Sénécal. Dans ce roman, il traite principalement de l'autodestruction.

Sénécal prend la peine de nous rappeler que la vie peut basculer à tout moment. Elle peut détruire ceux qu'on aime, puis nous détruire nous-mêmes par la suite. Certains font face dignement au désastre, à la mort, mais d'autres sombrent dans un horrible chaos, un enfer monstrueux, un gouffre sans fin, prisonniers du choc, de leur folie.

Ce sera malheureusement le cas du personnage principal dans Contre Dieu. Ce dernier peine à étouffer sa souffrance suite à la mort soudaine de sa femme et de ses deux enfants, décédés dans un accident de la route. Or, il disparaîtra et ne laissera plus aucune trace : le déluge chaotique. Dans l'hiver glacial, il marchera littéralement nu dans la neige, perdu, prêt à tuer pour poursuivre sa route. Quelle route? Il en a aucune idée. Seule la maladie mentale rythmera ses actions, toutes aussi incompréhensibles les unes que les autres.

Contre Dieu a également donné la chance à Sénécal de sortir des sentiers battus. En effet, ce fut pour lui un ahurissant exercice de style. Le roman est constitué d'une seule et unique phrase qui s'échelonne sur un peu plus de 100 pages. Malgré tout, la compréhension du roman n'est pas affectée. Au contraire, Sénécal plonge le lecteur dans un rythme de lecture effréné, alors incapable de cesser sa lecture. Cette ponctuation avant-gardiste ajoute à l'univers sombre du personnage principal. Le «personnage principal», oui, car son nom n'a jamais été divulgué. Sénécal a effectivement désigné le personnage à la deuxième personne du singulier en ne s'adressant qu'au lecteur, comme s'il voulait que ce dernier se mette dans les souliers du personnage du roman.

Je lève mon chapeau au génie de l'écrivain Patrick Sénécal. Il nous transporte dans un univers de terreur, mais très réel. Et ce, en une seule phrase, avec très peu de dialogue. Sa plume est efficace, ses intrigues sont à couper le souffle. J'ai d'ailleurs eu de la difficulté à respirer en lisant le «punch» final du récit. Soyez prêts à subir la fougue de Sénécal, chers lecteurs!

Avertissement: ne lisez pas ce livre avant de vous coucher, vous ne dormirez pas.


« Que se passe-t-il dans la tête d'un homme lorsqu'il perd toutes ses raisons de vivre, quand tout ce qu'il a construit s'effondre? Que se passe-t-il quand on ne comprend pas pourquoi le sort s'acharne sur nous? Qu'est-ce qui nous retient alors de ne pas devenir monstrueux? Sur quoi construit-on sa vie lorsque plus aucune morale ne trouve prise sur nous?
Ta maison devient trop grande, tes amis commencent à t'énerver, tu disparais, tu te caches, tu coupes les ponts avec ta réalité, tu n'as même plus envie de voir ta propre famille. Tu ne cherches aucune aide, tu ne cherches personne. Tu ne veux plus rien. Tu as des idées noires, très noires. Et tu te mets à chercher un responsable. Et finalement, tu le trouves… »



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