vendredi 18 avril 2014

Appréciation - Langue de puck

Langue de puck, langue de société 

Benoît Melançon est professeur titulaire et directeur du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. En voilà un qui a compris que les mots ne sont pas qu’un assemblage de lettres, mais bien des outils de communication indispensables dans une société où nous sommes plus que jamais bombardés d’informations et de connaissances. Loin des discours moralisateurs, Melançon tente d’abord et avant tout d’alimenter la pensée collective autour de la langue, autour des mots.

À la fois essayiste, blogueur, professeur et éditeur, il s’est vu remettre par le gouvernement du Québec, en 2012, le prix Georges-Émile-Lapalme, remis annuellement « à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle [] à la qualité et au rayonnement de la langue française parlée ou écrite au Québec. »[1]



Dans son plus récent livre, l’auteur réunit des réflexions sur la langue propre au hockey. Langue de puck est un véritable abécédaire du hockey. Il foisonne d’expressions nées dans la tradition québécoise, qui ne s’apparentent pas au discours sportif à première vue, mais qui, au fil des années, se sont habilement faufilées dans notre usage quotidien de la langue française, au point où nous ne parvenons plus à discerner le bon du mauvais. Son ouvrage est construit sous la forme d’un glossaire ; l’auteur fait effectivement un tour d’horizon complet du vocabulaire du hockey.



 Suit l’un des nombreux passages savoureux du livre, avec toute la précision mais aussi le brin d’humour à l’image de l’auteur. Il s’amuse avec les mots, littéralement.




« L comme liquide

Vous déjouez un joueur adverse, vous le débordez (le shiftez). Vous lui faites prendre une tasse de café.

Vous empêchez l’autre équipe de quitter son territoire. Vous l’y embouteillez.

Vous patinez avec grâce. Votre coup de patin est fluide.

Vous avez rassemblé les meilleurs joueurs, et on vous promet les plus grands honneurs ? Votre club est paqueté.

Le hockey a beau se jouer sur la glace, c’est un sport qui a une nette dimension liquide. »




Pour les vrais connaisseurs, si la lecture de ce passage a déclenché chez vous quelques rires, ce livre est pour vous. Mais si votre statut de néophyte du hockey vous empêche d’y décoder tous les sens, ce livre ne vous exclut pas, bien au contraire, puisque les mots sont rassembleurs, ils ne font pas de discrimination.



Après tout, « la culture québécoise est traversée par le hockey », n’est-ce pas, Benoît Melançon ?




[1] SECRÉTARIAT À LA POLITIQUE LINGUSTIQUE, QUÉBEC, http://www.spl.gouv.qc.ca/languefrancaise/prixconcours/georges-emile-lapalme/
 



Amour

Dans le cadre du présent exercice, je présenterai mes états d'âme quant à un passage du second roman de Guillaume Vigneault, auteur de Chercher le vent. 
 
L'extrait va comme suit :
 
« Logiquement, quand un type fait deux mille kilomètres pour voir une fille et, par une chance inouïe, la retrouve au beau milieu de Disneyworld, bien, ce type, il lui parle, à la fille. En fait, il se lève d'un bond, il court, il bouscule des enfants sur son passage (avec une joie mesquine, mais c'est un secret), il assomme Goofy qui lui barre la route, il attrape la fille par une épaule, savoure son regard médusé, l'embrasse sur la bouche comme un mufle, il l'emmène au Mexique, l'épouse et lui fait des enfants, si ce n'est trop demander. Trois enfants, trois enfants nus, solaires, analphabètes et heureux. Il ne la laisse pas disparaître comme ça, en la regardant s'éloigner, en murmurant son nom tout doucement, comme on fredonne un air de Trenet. Ce type-là, qui est en train de choisir des prénoms d'enfants, qui tripote un peigne au fond de sa poche, ce type-là n'est pas bien. C'est à lui que je pensais lorsque je l'ai perdue de vue. »

À première vue, il va de soi que le ton utilisé est très moderne, ancré dans notre réalité. Les lieux et les personnages nommés nous sont familiers, les mots s'enchaînent de manière fluide, la rhétorique est plutôt simple. Bref, le personnage invite tous les lecteurs, sans exception, dans son cri du coeur.  
 
Pour amorcer le paragraphe, l'auteur a opté pour une longue phrase ponctuée de virgules. Un peu comme si les idées du personnage se déplaçaient tellement vite dans son esprit qu’il avait de la difficulté à les retranscrire à l'aide de belles phrases concises...
 
La plume de l'auteur est chaleureuse, envoûtante. Elle réveille nos sens et adoucit l'âme. Guillaume Vigneault a un talent fou.
 
Il s'agit d'une idéalisation d’une scène décisive de la vie du personnage principal, qui pourrait chambouler l’ordre établi. Le personnage rêve, mais on saisit, à la fin de l'extrait, qu'il est tristement rattrapé par la réalité.
Parce l’utopie, la sienne, s’éloigne souvent de la réalité. Les revirements de situation, les fissures au coeur demeurent omniprésents dans sa vie.
Il va sans dire que cet extrait m’a touché. J'y ai vu ici une saine folie qui mène toutefois à une subtile déception. 
Nous ne sommes pas dans de langoureux poèmes  arides, difficiles à décrypter. Non, nous avons sous les yeux un vocabulaire accessible, des idées claires et un personnage chamboulé qu’on peut aisément représenter dans notre propre tête. On peut s’y identifier, on peut l’aimer, on peut le détester. Bref, il ne laisse personne indifférent.
 

samedi 22 mars 2014

Appréciation d'une B.D.

Récemment, je me suis délecté de la bande dessinée On a volé la Coupe Stanley. Les textes sont de Arsène et les dessins sont de Girerd. 

Cette bande dessinée a certainement réveillé la flamme patriotique en moi. Elle traite d'un sujet propre à la culture mère du Québec : le hockey. 

L'histoire prend place à Montréal dans les environs du Forum, domicile du Canadien, dans les années 70.

À l'aube de l'un des plus grands affrontements du Tricolore, l'improbable se produit : la Coupe Stanley, trophée emblématique remis à la meilleure équipe de l'année dans la ligue nationale, disparaît. C'est de cette manière que l'histoire débute. S'en suit un branle-bas de combat digne d'un film hollywoodien, mais à l'image de l'unique réalité montréalaise.

Le gagnant de la partie aurait mis la main sur la Coupe Stanley, mais pour l'instant, les joueurs et les partisans ne peuvent que rester pantois devant cette situation hors de l'ordinaire. C'est alors que les agents Berri et Montigny du service de police de Montréal prennent les rênes de l'enquête.

Leur investigation déplace l'oeil du lecteur dans les coins chauds de la ville de Montréal. Que ce soit dans les sorties de métro, dans les restaurants appréciés ou sur les grandes artères de la ville, les deux hommes touchent à de nombreux aspects de la vie courante à une époque de foisonnement culturel au Québec. Ils démontrent ainsi l'ambiance survoltée de la ville dans les années 70, une décennie où les enjeux prioritaires de la vie pouvaient bien être oubliés l'instant d'une partie de hockey.

Dans un autre ordre d'idées, les traits des personnages sont fortement exagérés. À mon sens, ils sont caricaturés. Même si les couleurs utilisées sont vivantes et bien agencées, les dessins de la bande dessinée ne sont pas tous réalistes. Toutefois, la trame narrative de l'histoire, malgré quelques exceptions loufoques, tient la route. L'illustrateur met l'accent sur des parties du corps des personnages pour les exagérer, les tourner au ridicule et ainsi faire rire le lecteur. Les textes soutiennent efficacement l'intrigue. À travers ceux-ci, on saisit très bien les réalités québécoises de l'époque. 

Bref, il s'agit d'une bande dessinée à lire!



dimanche 16 février 2014

Spectacle - Klô Pelgag

Mardi dernier, j'ai eu l'occasion d'assister à l'incroyable spectacle de Klô Pelgag avec ma merveilleuse bande d'amis.
 
Nous nous sommes rendus au Théâtre Outremont, et nous avons failli ne pas en revenir.
 
La salle aux dimensions minimalistes, ne renfermant qu'une trentaine de places, a créé une chimie naturelle, instinctive entre Pelgag, ses cinq musiciens et l'auditoire captivé. Ses textes tous aussi éclatés les uns que les autres, son imagination débordante, sa créativité explosive et les arrangements sonores relevant de la perfection m'ont jeté en bas de ma chaise. Une fois relevé, j'ai constaté à quel point Klô Pelgag, dans son pyjama de chat, n'a aucun complexe sur une scène, faisant face à son piano. Musicienne hors-pair, elle a su mettre en place une ambiance chaleureuse dans la salle.
 
Pelgag fait en ce moment la promotion de son premier album: l'Alchimie des monstres. Cette artiste émergente accumule les succès et fait tourner la tête de plusieurs amateurs de musique. Elle vole, elle survole, elle est belle à voir aller, elle est heureuse, on le sent aussitôt qu'on la voit à l'œuvre.
 
Klô Pelgag est à croquer, vraiment. Soyez à l'affût des dates de ses prochains spectacles. Et n'oubliez pas de jeter un œil sur les morceaux de son premier album : vous tomberez sous son charme!
 
 
« Tu ressembles de plus en plus à quelqu'un que je connais pas »
 
-La fièvre des fleurs
 
Merci!

dimanche 9 février 2014

Film - Un homme d'exception

J'ai récemment revu un long-métrage que j'apprécie énormément. Il s'agit du film Un homme d'exception, version française de A Beautiful Mind. Nul besoin de mentionner que je le recommande à tous ceux qui se questionnent sur les troubles mentaux, et ceux qui les vivent. Personne n'en est à l'abri, au contraire. 




Certes touchant, le trouble mental du personnage principal est dérangeant, comme quoi même les plus grands génies de l'histoire de l'humanité sont les premiers à sombrer dans leur exaltation intellectuelle. 



Un homme d'exception est l’histoire vraie de John Nash, Prix de Nobel d’économie 1994, l’un des élèves les plus brillants de son époque. Au début des années 1950, suite à ses découvertes et son enseignement, il se fait approcher par un agent fédéral américain, lui proposant de décrypter des messages secrets d’espions russes. Cependant, c’est à cette période qu’il apprend qu’il souffre de schizophrénie. Sa vie est chamboulée, il sombre droit dans la folie. Ce film m’a touché au plus haut point. Les plus grands génies sont parfois les plus grands fous. Ils travaillent sans relâchent, perdent la carte, et perdent de vue la réalité.



Bref, si vous pensez avoir un coeur assez solide pour passer au travers de cette oeuvre et assister à la triste dérive d'un homme à l'intelligence phénoménale, n'hésitez pas: visionner le film!

samedi 18 janvier 2014

Karim Ouellet - Marie-Jo



Au mois de mars prochain, j'assisterai au spectacle de Karim Ouellet au Moulinet de Terrebonne. Du coup, je passe en boucle ses chansons de son plus récent album, Fox.

J'ai bien hâte de le voir en action sur scène. Selon les dires de plusieurs, Ouellet fait beaucoup d'expérimentations dans ses concerts. Il surprend ses fans et tente constamment de revisiter ses morceaux.

Je vous laisse donc sur la chanson Marie-Jo, chanson que j'aime beaucoup.

Je vous reviendrai avec une critique en temps et lieu !

« Quand on est ensemble, tout me semble si beau. »

dimanche 12 janvier 2014

Théâtre - Marius et Fanny

Vendredi dernier, je me suis rendu au Théâtre du Vieux-Terrebonne, la salle de spectacles de l'année en 2012, dans le but d'assister à la pièce Marius et Fanny.

L'action de la pièce se déroule dans le Vieux-Port de Marseille. C'est le lieu des rencontres, des premiers amours, des conversations cruciales, des rires, des pleurs et des départs précipités; l'océan, cette autoroute de libertés, porte vers le monde, se trouvant à proximité.

Marius et Fanny est une comédie romantique. Cette oeuvre colossale de la dramaturgie française a été adaptée par le Théâtre du Rideau-Vert et mise en scène par le réputé Normand Chouinard. Elle est présentement en tournée partout au Québec.

Marius et Fanny, de bons amis depuis leur tendre enfance, hésitent à se marier. Le dilemme est suivant : Marius aime bien Fanny, mais il n'en peut plus. Derrière le comptoir du bar de son père César, rigoureux et productif, il se sent oppressé. Marius rêve de pays lointains, d'ouverture. L'appel de la mer est trop fort : il quitte son père sans l'avertir, délaissant Fanny, désormais inconsolable, perdue. Cependant, ce que Marius ignorait avant de quitter par bateau, c'est que Fanny est enceinte de lui. Pour effacer la honte d'une future mère veuve, la mère de Fanny trouve un mari à sa fille. Et les habitudes quotidiennes de la sympathique population portuaire reprend vie, jusqu'au moment où...


Rémy Girard a joué à la perfection le rôle de César, tout comme François-Xavier Dufour ainsi que Marie-Pier Labrecque, tenant respectivement les rôles de Marius et de Fanny. 

En somme, j'ai adoré la pièce. Les décors riches, le rythme soutenu, les personnages avec leur accent plus vrais que natures et le soleil omniprésent, tant au point de vue des éclairages que de l'énergie projetée par les différents personnages, m'ont fait oublié, l'espace d'un instant, la température glaciale régnant dans notre chère province. 

Cette sortie au théâtre m'a redonné des ailes. Elle m'a fait sourire après une longue semaine de travail. Si j'avais pu, j'aurais serré dans mes bras tous les comédiens de la pièce, tellement ils étaient attachants. Mais, je me suis gardé une petite gêne. 

Pour de plus amples informations quant au contenu de pièce, voici un lien qui vous permettra de répondre à toutes vos questions.

http://www.rideauvert.qc.ca/programmation/pieces/marius-et-fanny


Merci!