vendredi 8 novembre 2013

Théâtre : En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas

Dans le cadre de la première sortie des Mordus du théâtre, Mmes Léveillé et De Raiche ont eu la brillante idée de nous emmener au théâtre La Licorne dans le but d'assister à la pièce au nom qui ne finit plus de finir: En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas. Il s'agit d'une production de La Manufacture qui saura, je l'espère, vous émouvoir.

Si le nom de la pièce est intense, il en fut de même de nos émotions. En effet, Steve Gagnon, l'auteur et le metteur en scène, a adapté cette ancienne pièce de Racine dans le but de présenter une oeuvre moderne, bien ancrée dans les fondements de la société québécoise d'aujourd'hui.

Gagnon a évidemment conservé les personnages de Néron (ancien empereur romain), Britannicus, Agrippine (la mère de ces derniers), Junie (l'amoureuse de Britannicus) ainsi qu'Ocatvie (l'amoureuse du fougueux Néron).

L'histoire de la pièce est troublante, ni plus ni moins. Néron, cet ancien empereur romain fou, est, dans ce cas-ci, un jeune adulte québécois. Cet homme vit d'anxiété, de frustrations et de foudroyantes colères. Néron est terriblement jaloux de son frère, Britannicus: ce dernier est toujours plus beau, plus gentil, plus rayonnant, plus sympathique, plus apprécié que lui. Une grande animosité menace leur relation, déjà fragile. De plus, le fait que les deux couples habitent dans la même propriété est l'une des principales causes du point de non-retour dans l'histoire. Néron, subjugué par la beauté de Junie, l'amoureuse de son frère, l'oblige à coucher avec lui, sous peine de les expulser de la demeure si elle refuse de se soumettre.

Ce que j'ai surtout apprécié , c'est le déchaînement émotif et physique des personnages. Combinée à la dimension minimaliste de la salle de La Licorne, la grande intensité nous plongeait directement dans l'univers des protagonistes. 

Ce qui m'a étonné, c'est le crescendo de la condition d'un homme, Néron, visiblement atteint d'une maladie mentale. On sent son désespoir, sa hargne, sa haine incomprise. À le voir aller, de violents frissons me parcouraient le dos, sans blague. J'étais perturbé : je me suis rendu compte à quel point un homme n'ayant pas toute sa tête pouvait causer, presque inconsciemment, du mal autour de lui. 

Cette pièce est une tragédie.
Il va sans dire que tragédie est synonyme de fatalité. 
Et cette fatalité, c'est à vous de la découvrir.


En terminant, je tiens à vous rapporter les propos de Renaud Lacelle-Bourdon (dans le rôle de Néron).
Que d'intelligence et de vérité dans ses dires:

« Il ne faut pas sous-estimer le mal-être existentiel ou le dérèglement que cause une maladie mentale, mais il ne faut surtout pas oublier l'humanité de ce mal-être. »
« Il ne faut jamais oublier la détresse première, la source de la révolte, l'injustice et l'incompréhension face à la nature de l'homme en question. »

Voilà!



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