vendredi 11 octobre 2013

Guillaume Vigneault - Chercher le vent

Chercher le vent ou la quête d’une génération 

Avant même de débuter, mettons une chose au clair. Guillaume Vigneault n’a pas encore imprégné les Québécois de tous âges d’une fierté culturelle inégalée comme l’a fait son père, le grand Gilles Vigneault. Toutefois, fraîchement sorti de la trentaine, il tente, dans Chercher le vent, de brosser le portrait de la génération montante, les «ados presqu’adultes» (si on peut la nommer ainsi), celle ayant sa manière bien à elle d’aimer, celle qui a des projets plein la tête, voulant voir du pays et sentir le vent frais sur son visage. À travers son second roman, adoptant le style de la route qui suit les conventions, mais ayant une touche bien particulière, Vigneault amène ses lecteurs dans une sorte de transe, dans un mode de vie audacieux qu’ils se doivent à tout prix de découvrir.

 Portrait de Chercher le vent paru en 2001.

Qui dit roman de la route dit une jeune personne assommée par des difficultés sur le plan émotionnel. Elle décide donc de quitter sur un coup de tête et accumule les kilomètres. Tout cela, sans aucune destination établie; pour libérer son esprit. Cette personne, c’est Jack. Ce jeune homme est totalement incapable de se remettre de la mort prématurée de son premier enfant, puis de la rupture avec sa copine. Alors, il fuit avec Tristan, son meilleur ami, et Nuna, une étrangère qui n’aura bientôt plus de secrets pour eux. Ils se dirigent vers les États-Unis. Au menu : amour et déchirures, joies et larmes. Mais surtout, de l’espoir.



Un rythme de lecture agréable
Nul besoin de se casser la tête dans un nombre infini de lieux, de personnages et péripéties toutes plus complexes les unes que les autres. Effectivement, Vigneault a mis en scène une histoire linéaire avec au passage des descriptions en mesure d’aviver nos sens, de nous faire sentir au plus profond de nous les convictions et les intentions des protagonistes, sans toutefois tomber dans une vulgaire exagération sentimentale. Ainsi, le roman est d’autant plus réaliste : il est davantage lié à une génération de jeunes ne cherchant pas à compliquer leur existence, mais voulant plutôt la savourer en fonction de leur nature, de leurs convictions viscérales.

Chercher le vent est plus qu’une simple lecture scolaire aride; il s’agit plutôt de l’exemple parfait d’un mouvement de jeunes gens optimistes en quête de leur vérité intérieure, non imposée par leurs parents, et encore moins par la société.

Fait intéressant, les figures de style et les images créées par Vigneault réussissent à faire tantôt sourire, tantôt pleurer. Les quelques touches d’humour ajoutent aux personnalités on ne peut plus attachantes des personnages. Mais l’auteur contrebalance efficacement les moments de plaisir et ceux plus sombres, car la vie sinueuse d’un jeune adulte n’est pas toujours de tout de repos. Loin de là. En littérature, c’est un véritable tour de force lorsqu’un auteur est en mesure de jouer ainsi avec les sentiments de ses lecteurs.

Force est d’admettre que le dénouement du récit n’est pas percutant et à couper le souffle. La fin est floue, laissant d’innombrables questions sans réponse. Certains y voient un manque, voire une désolante façon de conclure. Rétorquons à ceux-ci qu’ils ne saisissent le style admirable de Guillaume Vigneault. C'est plutôt dans les descriptions d'actions, de lieux, de personnages que l’auteur nous séduit. Parce que dans la vie, tout comme dans les romans, il y a des questions qui restent sans réponse : on n’y peut rien. L’histoire s’écrit chaque jour, à chaque seconde : elle évolue, mais ne se termine pas pour autant. Et parfois, lorsqu’on cherche à tout prix une fin aux choses, on oublie de s’attarder aux bons moments que l’on pourrait vivre. Et de bons moments, ce livre en contient une tonne.

Un retour attendu
Somme toute, il est fort dommage qu’à la suite de la publication de ce présent roman, Vigneault a sombré dans l’oubli. Contre toutes attentes, il a cessé ses activités littéraires. Il va sans dire qu’il devrait reprendre sa plume, la critique littéraire en serait ravie. Et les lecteurs, eux, auront un besoin comblé, celui de s’identifier à ses personnages, ces héros de la vie ordinaire.

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