Dans le cadre de la deuxième sortie des Mordus de théâtre du Collège Mont-Saint-Louis, Mmes Léveillée et De Raiche nous ont proposé une pièce épatante: Clôture de l'amour.
Or c'est avec enthousiasme que nous nous sommes rendus au théâtre de Quat'Sous. Déjà, la salle avait son charme. La scène surélevée ainsi que le toit plus haut que la normale ajoutaient à la grandeur de la salle. Néanmoins, le nombre minimaliste de sièges dans l'assistance rendait l'atmosphère plus familière. Nous étions près des acteurs, ils étaient près de nous.
En ce qui a trait à la pièce, j'ai été grandement impressionné.
En théorie, son concept est fort simple.
Mais, en pratique, il est des plus vertigineux.
Un thème: un couple qui discute une dernière fois avant de se séparer pour de bon.
Deux acteurs : Christian Bégin et Maude Guérin.
Deux heures de spectacle.
Deux monologues d'une heure chacun.
Eh oui. C'était la folie. Je n'avais jamais vu ça auparavant et je suis tout de même un habitué du théâtre. Bégin a débuté sa tirade d'une heure, sans jamais se faire interrompre. Il a brillamment expliqué en quoi l'attitude de sa femme lui tapait sur les nerfs, et en quoi la séparation était inévitable. Puis, Guérin a repris chacun des arguments de l'homme, puis les a démolis, un par un, durant l'autre heure. Du coup, en plus de voir deux acteurs en action, nous avions également droit à un intéressant exercice de rhétorique.
Les paroles des acteurs étaient profondes, intelligentes et sensées. Leur situation corsée nous faisait réfléchir : même si les interactions verbales étaient inexistantes, cela ne m'a pas empêché de rester sur le bout de mon siège tout le long de la pièce.
Fait intéressant : j'ai apprécié le fait que les acteurs gardaient une belle présence sur scène malgré le fait qu'ils n'avaient pas la parole. Par exemple, Christian Bégin était, à la fin de la pièce, lors du monologue de sa vis-à-vis, complètement détruit, ravagé, perdu. Il était à quelques mètres de moi (je me trouvais dans la deuxième rangée). Alors, j'étais presque dans sa bulle, je sentais son désespoir, je voyais sa sueur qui coulait sur son front. Bref, toutes des choses qui auraient impossibles dans les théâtres de dimensions plus imposantes... En somme, même s'il ne parlait pas, il démontrait habilement ce qu'il ressentait.
D'ailleurs, je ne peux m'imaginer la précision absolue et la concentration extrême dont ont fait preuve Christian Bégin et Maude Guérin. Ils sont de réels professionnels, ils méritent énormément de reconnaissance pour leur travail.
Christian Bégin est venu nous parler après la pièce. Je le regardais parler. Et je me demandais comment un être aussi calme et simple, à première vue, peut monter sur une scène et déballer une heure de texte.
Sans se tromper, sans bafouiller, sans perdre sa concentration, sans avoir peur du vide.
Je ne le saurai jamais. L'important, c'est que lui, il le sait.
Je félicite les deux acteurs pour leur prestation digne de mention.
Ils m'ont ouvert les yeux, et ont touché mon coeur.
Belle critique Gabah, toujours aussi bon journaliste ;)
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